Portraits de femmes amazighes dans les années 60, par Lazhar Mansouri
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Depuis l'Antiquité, les femmes et les hommes amazighs se tatouent le corps de symboles géométriques. Sur le front, le menton, les joues, les poignets ou encore les chevilles ou le torse, ces symboles marquaient souvent des étapes importantes de leur vie ou des valeurs clés comme la force et le courage. Ceux d’entre vous qui se renseignent un minimum sur l’origine de ces tatouages se sont certainement rendus compte de la rareté des ouvrages qui documentent le sujet. Mais encore plus rares sont les portraits de ces femmes et ces le hommes. Aujourd’hui, j’aimerais vous faire découvrir les travaux d’un talentueux photographe qui a immortalisé le visage de nombreux amazighs du nord est de l’Algérie dans les années 60.
Photographies prises par Lazhar Mansouri dans les années 60
Lazhar Mansouri : Le photographe des tatouages amazighs des années 60
Lazhar Mansouri est né en 1932 dans les Aurès en Algérie. Pendant son adolescence, alors qu’il accompagne régulièrement sa grand-mère au marché, il fait la rencontre d’un photographe qui exploite l’arrière boutique d’un barbier. Ce photographe l’engage en tant qu’apprenti et lui apprend la photographie portrait. Une fois formé, il ouvre son propre studio de photographie à l’arrière d’une épicerie dans lequel il accueille les habitants de la région.
Photos d’identité, portraits de famille, de couples, d’enfants, de femmes tatouées, il immortalise le visage de ces personnes à travers des milliers de clichés.
Les portraits des femmes tatouées des Aurès : Une dernière génération immortalisée
Femmes vêtues d’habits et de bijoux traditionnels, jeunes couples amoureux, enfants en costumes, adolescents cigarette à la bouche, jeunes femmes et hommes habillés « à l’occidentale », femmes âgées tatouées… Pendant la fin de la guerre d’Algérie et au lendemain de l’indépendance, Il recense alors un large panel de la société de l’époque.
Quelques photographies de Lazhar Mansouri prises dans les années 60 en Algérie
En 1985, alors que Lazhar Mansouri décède, sa famille envisage de brûler la totalité des négatifs retrouvés, les considérant comme controversés. Heureusement, une partie du patrimoine a été sauvée par un autre photographe de la région, Mouhand Abouda, qui a saisi son importance historique. On estime que les archives comprenaient des dizaines de milliers de négatifs.
Les expositions internationales de Lazhar Mansouri : Valorisation d'un patrimoine oublié
Au début des années 2000, Charles Henri Favrod et Armand Deriaz, journaliste et photographes suisses ont conçu une exposition itinérante visant à mettre en valeur le travail de Lazhar Mansouri. C'est à Bienne en Suisse que son travail est alors exposé pour la première fois.
Ses photos sillonnent alors le monde de la Suisse à New York en passant par Alger, Rome, Besançon, Lausanne, Milan, Mayenne, Aubenas, Marseille et Montpellier.
Focus ici sur les portraits de l’une des dernières générations de femmes tatouées de la région.
Sources